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Immersion dans une famille Mongole

Nous arrivons à la fin de notre voyage, ici en Mongolie. Nous avons décidé de passer notre dernière semaine dans une famille nomade à quelques heures de Oulan-Bator. Le contact est en fait un jeune Canadien du grand nord du Québec, un Inuit, qui parle l’inuit, le français, l’anglais et se débrouille en Mongol. Ce canadien, Piari, est venu la première fois ici il y a deux ans et a tellement aimé rester avec la famille qu’il revient chaque année habiter avec eux durant 6 ou 7 mois. Nous l’avons donc rencontré à la capitale et il nous a parlé de la famille, de ce que nous pouvions faire pour aider et comment ne pas être surpris s’ils ne sont pas très bavards : « c’est comme ça en Mongolie ».

Nous partons donc pour rejoindre ce petit campement de yourtes, en bus et quelques 4 heures plus tard nous voilà installés. Les enfants nous accueillent avec leurs jouets et nous apportons quelques cadeaux, cahiers à dessins, crayons, nourriture, vodka et un ballon de basket pour les deux jumeaux de 18 ans fans de NBA. Nous jouons avec les enfants et aidons les jumeaux et la maman à soigner un petit cheval qui a été attaqué par les loups trois jours avant. Nous ne sommes d’abord pas sûrs d’avoir compris que c’est vraiment des « loups » (on nous avait dit qu’ils sortaient des montagnes qu'en hivers lorsque les lapins sont sous terre), mais nous avons la confirmation le soir lorsque les 4 à 6 chiens qui tournent autour des yourtes se mettent à aboyer en chœur. On nous explique que quand la nuit tombe, les loups essaient de venir manger les moutons et les chiens les sentent venir et protègent donc le bétail. Donc t’as pas du tout peur quand tu sors de nuit pour aller à la petite cabane qui fait office de toilettes (un trou et 3 parois qui tombent quand y a trop de vent) à 50 mètres de la yourte et que tu entends tous les chiens qui s’excitent.

 
Coucher de soleil près de Rashaant

Après une nuit un peu agitée par les aboiements, nous nous réveillons éblouis par le soleil qui tape déjà fort dès le matin. Nous allons déjeuner et passer un moment avec la famille dans la yourte principale. Alison va faire des « cookies » avec la maman de la famille. Ces cookies sont faits d’une pâte bien grasse avec de la graisse végétale douteuse qu’il faut réchauffer sur le feu et qui embaume la pièce d’une odeur plutôt pas agréable. Une fois la pâte prête, elle est étalée et coupée en petits morceaux, c’est là qu’intervient Alison, qui fait ça avec la grand-maman. Ces morceaux de pâte sont ensuite frits dans la même graisse que tout à l’heure…Mmmmm. Le résultat sera pas mal en fin de compte, normal c’est Alison qui a fait 😊

L’après-midi, la température (entre 35 et 40 degrés et pas d’ombre) invite à la sieste. Plus tard, nous allons marcher en direction des montagnes, et nous rencontrons deux de nos hôtes qui sont en train de regrouper les chèvres et moutons pour les ramener vers le camp. Nous rentrons aux yourtes en essayant de regrouper le troupeau et de le faire venir avec nous. C’est d’abord assez facile, puis nous arrivons dans une zone plus verte avec des buissons bien garnis et là ça se complique. Finalement nous les laissons là, les pros viendront les chercher juste avant la tombée de la nuit. Après un en-cas vers les 17 :00, Louis se lance dans une partie d’échecs avec les jumeaux, qui gagnent. Plus tard, la famille élargie (genre une trentaine) débarque, ils seront là quelques jours pour leur rencontre annuelle.

 

Au matin du deuxième jour c’est l’effervescence la famille est bien là et se lance dans la préparation du plat de fête en commençant par tuer une chèvre. On se demandait ce qu’elle faisait tout seule dans l’enclos, maintenant on sait. Ci-après, le récit de cette journée selon Louis puis selon Alison.

Louis :

Les hommes de la famille tuent la chèvre (je pense qu’Alison viendra elle-même sur les détails de la mise à mort) et la vide de ses boyaux et organes, qui sont ensuite lavés par les femmes qui préparent des sortes de saucisses en enfilant le foie dans les intestins et en faisant tenir le tout avec des tendons. C’est astucieux et intéressant, mais peu ragoutant. Aucun d’eux ne semble dégouté de vider les boyaux ou d’avoir du sang jusqu’aux coudes. Les deux jumeaux de la famille brûlent tous les poils de la chèvre pour qu’elle soit imberbe pour la cuisson. Ensuite, la chèvre est coupée en morceaux de 200 à 500 grammes, voir 2 kilos pour la tête qui reste entière. J’ai même l’occasion de débiter la colonne vertébrale en coupant ente chaque vertèbre, le filet est massacré, mais c’est comme cela qu’ils font. Ensuite on met le tout dans une grosse caisse en fer avec 3 légumes en comptant comme les Mongols : des patates, des carottes et des oignons. Entre les morceaux de viande sont lancés des cailloux précédemment chauffés dans le feu pour cuire la viande de l’intérieur. Vers 17 :00, c’est avec toute la famille que nous dévorons les 20-25 kilos de viande et que nous faisons descendre avec beaucoup de vodka que nous avons de la peine à refuser. En même temps, au bout de la table, nous avons un chirurgien et il nous assure que la vodka est « clean » et que c’est bien d’en boire pour aider la digestion de la viande. Si c’est un docteur qui le dit… La journée était riche en tradition et je me suis senti bien avec cette famille qui était aussi contente de nous avoir à leur table pour cette occasion.

Alison :

Le matin quand je vois la chèvre toute seule dans l’enclos, je pense en premier qu’ils ont oublié de la relâcher avec les autres et j’hésite à la libérer pour leur rendre service. J’aurai dû ! On est dans la yourte à boire du thé aux insectes (les insectes tombent depuis le plafond tout seul dans ta tasse...) quand on entend la chèvre hurler, j’ai l’impression que ça dure des heures. Louis sort et est confronté malgré lui à la vision bien sympathique (âmes sensibles, ne lisez pas ce qui suit !!) d’une chèvre qui se fait éventrer du haut en bas, et après seulement ils cherchent une artère qu’ils doivent couper avec les doigts pour que la chèvre se vide de son sang et finisse par mourir. Autant dire que la chèvre a quand même dû souffrir un bon moment. Louis revient dans la yourte et me dit de ne pas regarder à droite en sortant, ce qu’évidemment je m’abstiens de faire. Louis assiste à la préparation, moi ça m’intéresse nettement moins de regarder ces "barbares" (ok je sais très bien que le poulet que je mange en Suisse, il n’a pas poussé tout seul dans une barquette de sagex emballée par du cellophane, mais même si j’y connais rien, je pense que y a des manières plus douces de tuer un animal). Bref, on s’imagine mal un végétarien ou un vegan venir ici, déjà parce que tu manges de la viande à tous les repas et aussi parce qu’en 5 jours sur place, ils ont tué pas moins de 5 animaux (3 chèvres, 1 mouton et 1 vache). Après juste un petit-déjeuner, on a quand même faim quand le plat est prêt vers 17h, surtout quand on voit que la famille a amené des légumes (on avait dû amener nos propres légumes pour les quelques jours pour être sûrs de pouvoir en manger), les Mongols se jettent sur la viande et moi sur les légumes, chacun y trouve son compte c’est cool ;-) Je goûte quand même la viande, elle est bonne. La soirée est sympa et marrante avec à notre côté le chirurgien des poumons qui fume cigarette sur cigarette, et une nutritionniste qui nous explique que la nourriture mongole est très saine (à ce moment-là, j’ai failli m’étrangler avec un cornichon), mais surtout ce qu’elle essaie de nous faire comprendre c’est que du moment que tu manges des produits frais non transformés, c’est plus sain que des produits transformés. C’est vrai qu’ici, les familles nomades se nourrissent exclusivement de leurs ressources : bétail et tous les produits laitiers imaginables.

Le lendemain, il fait une tiaffe du diable. On prend notre petit déjeuner dans la yourte principale juste à côté de la tante qui lave des tripes et confectionne des saucisses, odeur qui réveille! L'odeur devient vraiment trop forte et on rejoint notre yourte de laquelle on ne sort plus car il fait bien trop chaud. La famille élargie est toujours là mais de temps en temps une voiture se rempli et une partie rentre à UB, sans oublier de charger une chèvre morte entière dans le coffre (on se demande s’ils vont faire la boucherie dans leur appartement, c’est très probable). Nous restons donc assez tranquilles jusqu’à ce que le soleil baisse un peu pour aller faire une grande balade vers les montagnes et un monastère. Nous passons vers un campement de touristes assez luxueux avec restaurant, WC européens et douches et nous profitons de boire une bière, qui est sûrement clean et bonne pour la santé si on s’en réfère à notre copain chirurgien. Le monastère est petit et mignon et niché au milieu de la montagne sacrée des castrés. Eh oui, une sale histoire ou les moines du coin ont été persécutés, castrés et lancés en bas d’une falaise lui a donné son nom. Sur le chemin du retour, lorsque nous arrivons au campement, quelques hommes de la famille s’occupent de dépecer une vache, une victime de plus. Nous retrouvons Piari qui est revenu de UB avec des copines canadiennes également du grand nord, des Inuits. C’est notre dernière soirée dans la campagne mongole et demain nous repartons pour la capitale. Une immersion totale dans la culture mongole pour finir notre séjour d’un mois dans ce pays, c’est ce qu’il nous fallait.

Sympa ce garçon

Le retour à UB se fera sans encombre… Noooon, on rigole, bien sûr que non. C’est compliqué et le sort va s’acharner de notre départ du campement jusqu’au resto du soir. Mais d’abord, nous passons la matinée au campement, dînons et faisons nos adieux à cette famille qui nous a si bien accueillis. Alison est un peu inquiète de dire au revoir au grand-père, en effet nous le soupçonnons d’être un peu vicelard sous couvert de la tradition, depuis qu’il a peloté Alison pour la remercier d’avoir fait la vaisselle (ok c'était la vaisselle de 40 assiettes bien grasses dans une eau froide sans savon, mais une tape sur l'épaule aurait fait l'affaire). Finalement il nous tend la main tout simplement, comme le reste de la famille et on nous conduit à la station de bus il est environ 13 :00. Nous devrions, et le conditionnel est vraiment de mise, arriver quatre heures plus tard à UB. Nous arriverons vers 19 :30 après que (1) le chauffeur ait essayé de nous escroquer de $15 sur le prix du bus (on nous la fait plus après 6 mois 😉), (2) le bus ait cassé une courroie de transmission et n’avait pas de rechange, (3) on nous laisse aux porte de UB au bord de la route (nous et 2 mongols) car nous sommes en surnombre dans le bus et les derniers à être montés et qu’à UB, il y a des contrôles et (4) nous arrivons dans les bouchons du soir en taxi et prenons 45 minutes pour faire 6 kilomètres. Nous sommes finalement à la Guesthouse… ah oui, on a oublié de mentionner qu’on a dû changer d’hôtel en dernière minute car au moment où nous avons pris le bus, nous avons reçu un message de la Guesthouse prévue qui a fait une surréservation et notre chambre n’est plus disponible (nos affaires sont là-bas). Bref, nous avons un lit pour ce soir et nous allons manger mexicain pour changer un peu. Mais en arrivant au resto, en commandant deux Margaritas et du guacamole, nous apprenons qu’ils n’ont plus de guacamole, présent dans tous les plats mexicains… Bref, le sort s’acharne, aussi sur le choix du vin qu’ils n’ont plus, les desserts, les whiskys. Mais bon, ça arrive. On a quand même du plaisir et on se réjouit d’une bonne nuit de sommeil et d'un petit-déj sans nettoyage de tripes dans la même pièce.

AU PASSAGE ON VOUS SOUHAITE UN JOYEUX 1ER AOÛT !!!

ce qu'on mangerait bien aussi

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